Les langues, facteur d’épanouissement

Dans mon précédent billet, je me suis référé à un rapport, rédigé à l’initiative des Libéraux et Démocrates du Parlement européen, qui a pour but de réaffirmer l’urgence de l’éducation des enfants de migrants afin de faciliter leur intégration. Le texte est d’autant plus intéressant qu’il cite expressément les enfants rroms. Je vous livre la conclusion de M. Takkula, son rapporteur :

Le plus important est d’impliquer la famille de l’enfant migrant car la réussite scolaire dépend aussi de l’environnement familiale et si les parents ne comprennent rien à l’importance du travail scolaire de leurs enfants, ils ne seront pas un facteur d’encouragement. C’est la raison pour laquelle je recommande aux gouvernements des Vingt Sept de garantir une éducation aux enfants des migrants dans les langues officielles du pays d’accueil, mais également de promouvoir la langue maternelle et de la culture du pays d’origine. J’estime qu’il est essentiel que les parents des enfants migrants, notamment leurs mères, soient impliqués dans les programmes d’enseignement des langues officielles du pays d’accueil, afin que les enfants ne se retrouvent pas en marge de la société et afin de les aider à s’intégrer au système scolaire. » (…) « La volonté des migrants d’apprendre la langue du pays d’accueil et d’y organiser leur vie ne signifie pas qu’ils abandonnent leur langue et leur culture d’origine. »

Ce rapport, adopté à une large majorité lors de la session plénière du 2 avril dernier, met l’accent sur le lien entre les difficultés d’apprentissage de la langue des pays d’accueil par les enfants migrants et leurs futures perspectives d’emploi. Mais il innove en affirmant la nécessité de l’encouragement à la découverte de la langue d’origine des enfants migrants : le bilinguisme est une chance pour un épanouissement futur de l’enfant.

Qui ne voit que la situation de l’enseignement des langues étrangères en France à l’école primaire est particulièrement préoccupante? Combien d’enfants dont les parents parlent différentes versions de l’Arabe, des langues africaines, asiatiques sont scolarisés dans notre pays et que propose l’Education nationale aux enfants du primaire? Majoritairement l’Anglais…

Après les émeutes de 2005, je me suis dit qu’une des causes de celles-ci résidait dans un mal-être et un manque de reconnaissance évident des jeunes de banlieue, pour la plupart issus de l’émigration. Un des éléments de cette reconnaissance est incontestablement le statut donné à leurs langues d’origine.

Il est temps d’encourager le bilinguisme dès avant la maternelle.

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2 réponses à Les langues, facteur d’épanouissement

  1. panache dit :

    Je trouve que l’on enfonce des portes ouvertes. Actuellement, la plupart des enfants de migrants de la première génération sont de fait bilingues. Et ils participent très jeunes à l’intégration des parents en les accompagnant souvent dans leurs démarches administratives notamment, en faisant le lien avec les enseignants ou les administrations scolaires. Le souci est qu’il s’agit d’enfants qui tout en étant parfaitement débrouillards ne peuvent pas forcément être au fait de la complexité de ces procédures. L’alphabétisation des parents est vraiment la priorité ainsi qu’en parallèle, la présence accrue de médiateurs bilingues pour expliquer les méandres des procédures en ce qui concerne les problèmes administratifs. Il me semblerait également important que ce type de médiateurs existe aussi pour faire le lien dans le domaine de la santé entre les médecins, les personnels traitants et des migrants malades. Il y a en effet actuellement des problèmes de santé qui ne sont pas traités à cause de ces difficultés de communication. Enfin, un petit mot d’humeur : les migrants modestes font beaucoup plus que l’on ne pense pour s’intégrer et accéder à la langue du pays qui les accueille alors qu’ils n’ont souvent eu qu’une scolarité limitée dans leur pays d’origine ou pas de scolarité du tout. Je souhaiterais, en revanche, que l’on crée des cours pour des migrants moins modestes et plus arrogants, comme M. John Galliano, qui travaille en France depuis dix ans au moins et qui ne fait pas l’effort lorsqu’il est invité au Grand Journal de Canal + invité par Mme Bruni-Sarkozy, de parler un seul mot de français. A ces gens-là, je ne crois pas que l’on reproche leur défaut d’intégration…

  2. jtriaud dit :

    Bonsoir

    je reprends le fil de la discussion.

    Je trouve qu’un rapport voté au parlement européen a une certaine force, celle de la prise de conscience. Bien sûr, cela suppose que l’on va ensuite mettre les Etats devant leurs responsabilités et les obliger à prendre des mesures.

    Je ne conteste pas les efforts des migrants ni ceux des enfants qui aident leurs parents à maîtriser la langue du pays d’accueil.

    Pour moi, le problème se situe ailleurs : dans la reconnaissance pleine et entière du caractère multilingue, de fait, de nos sociétés. Encourager ce va-et-vient entre la langue maternelle et la langue du pays d’accueil, c’est à cela que s’attache le rapport des Libéraux européens.

    Pour que l’on ne puisse jamais plus entendre ce que j’ai entendu lors de la visite médicale de mon fils (5 ans et demi à l’époque des faits), né d’une maman coréenne et d’un père français, dans une école publique du 3è arrondissement de Lyon : « il faut que votre fils soit un bon Français. il ne faut pas que sa maman lui parle coréen ».

    Affligeante Education nationale…

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